Batterie d'artillerie de Boyardville

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Saint-Georges-d'Oléron

La batterie du chenal de la Perrotine, mentionnée sur une carte en 1757, est déplacée et reconstruite en 1811, dans le cadre du programme d'ensemble de Napoléon 1er. Elle devient la batterie de Boyardville et est dotée, comme celle des Saumonards, d'une tour modèle 1811, formant réduit, restée inachevée en 1815 et terminée sous la Restauration. Elle protège le camp de base installé au nord du chenal pour la construction du fort Boyard, dans lequel un régiment de 100 hommes de troupe s'installe dès 1810. L'ouvrage comporte un puits au rez-de-chaussée, un magasin à poudre pour 600 kg et, en sous-sol, une citerne. Selon le projet de 1840, la batterie doit être armée de 22 pièces de 36, deux de 24 et six mortiers de 32 cm. A la suite des travaux de la commission mixte de 1841, l'armement est ramené à cinq pièces de 30 et vingt obusiers de 22cm, puis, en 1875, à huit pièces.

L'ancien camp de base du chantier de fort Boyard est transformé après son achèvement en école, dite des torpilles, jusqu'en 1875. Les bâtiments sont ensuite occupés par des troupes d'artillerie, alternativement avec des troupes de l'infanterie coloniale.

L'apparition de l'artillerie rayée amène une nouvelle réorganisation confiée à une commission opérant dans le cadre des travaux du comité de défense. Vers 1880, la batterie est reconstruite un peu en avant et au nord de la précédente, et organisée en ouvrage fermé pour quatre canons de 24 modèle 76 et quatre obusiers de 22 cm rayés et frettés. Ces derniers sont remplacés ultérieurement par quatre canons G de 240 modèle 1884. Les traverses-abris sont reconstruites en béton armé. Vers 1890, l'ouvrage est complété, à l'extérieur et à gauche, par une batterie pour quatre pièces G de 95 mm modèle 1888 à tir rapide pour la défense de l'embarcadère et de la plage de Boyardville contre des unités légères rapides.

La batterie est une nouvelle fois réorganisée en 1901. L'ensemble est désarmé en 1915 et le matériel envoyé à l'intérieur pour constituer l'artillerie lourde sur voie ferrée ; il ne sera pas réarmé après 1918. L'ancienne école des Torpilles est convertie en 1928 en centre de loisirs pour l'Enfance coopérative. Depuis 1982, un lycée expérimental cohabite avec la colonie de vacances.

Périodes

Principale : 1er quart 19e siècle

Principale : 4e quart 19e siècle

Dates

1811, daté par source

La batterie est implantée sur la côte est de l'île d'Oléron et au nord de l'embouchure du canal de la Perrotine. Elle a la forme d'un pentagone très allongé orienté au nord-est, avec un front de gorge brisé en dedans. L'enceinte est constituée d'une escarpe semi-détachée en maçonnerie, flanquée de deux bastionnets disposés aux angles d'épaule et entourée d'un fossé à contrescarpe à terre coulante. L'entrée s'effectue entre deux simples piliers, dans la face droite du front de gorge, près de la brisure, au moyen d'un pont (sans doute levis à l'origine) franchissant le fossé.

L'intérieur de l'ouvrage est essentiellement occupé par les deux positions de batteries disposées parallèlement aux deux faces du front de tête : au nord, trois positions, dont une double, à genouillère à front plat, et à droite, quatre positions à genouillères demi-circulaires qui sont encadrées et séparées par des traverses-abris en béton armé. Dans la face nord du front de gorge se trouve un casernement casematé type 1874, avec au centre trois travées voûtées perpendiculairement à l'escarpe (casemates pour 32 hommes chacune), soutenues de chaque côté par un groupe de deux locaux voûtés parallèlement à l'escarpe et servant de logement pour un officier, huit sous-officiers et un poste télégraphique. Ces casemates comportent un couloir de fond qui les isole du massif de terre du parados. Le tout est envahi par des bâtiments et aménagements divers liés à la conversion en centre de voiles.

La batterie annexe et le magasin à poudre bétonné sont complètement ensablés et seuls quelques vestiges des emplacements de pièces se distinguent encore.

La tour réduit, en pierre de taille, se trouve à 125 mètres environ de la batterie, au sud-ouest et à proximité de la route stratégique du fort des Saumonards. Son environnement primitif (talus du glacis, branches de jonction avec la batterie) est en partie nivelé et occupé par un terrain de sports. C'est une tour modèle 1811, type n° 1 pour 60 hommes, qui diffère cependant du plan type par les variantes suivantes : les bretèches de flanquement vertical sont remplacées par de grands mâchicoulis sur arc surbaissé - un par face - desservis à partir du premier étage ; aux angles nord-est et sud-ouest s'élèvent deux petites caponnières doubles carrées, voûtées et couvertes d'une toiture bombée en pierre, flanquant le pied de l'édifice (quatre créneaux de fusillade, soit un par côté). Ces caponnières sont accessibles à partir du premier étage, par de petits corridors rectilignes ascendants. L'une d'elles contenait à l'origine la cuisine de l'ouvrage ; la hauteur totale (10,80 mètres) est plus grande de 1,50 mètre que celle du modèle réglementaire, très vraisemblablement pour compenser le risque d'escalade facilitée par la présence des caponnières. L'entrée se fait à l'est par une porte en plein-cintre, avec pont-levis à contrepoids, encadrée de deux embrasures pour pièce d'artillerie. Les poulies à gorge du pont-levis, en bronze, sont encore en place. Le parapet supérieur comporte six créneaux de fusillade par face et, à chaque angle, existe une embrasure pour obusier de 12 ou de 16, tirant suivant la diagonale. Dans le dallage de la plateforme, des circulaires en pierre matérialisent les chemins de roulement des châssis des canons.

Toits
Couvrements
  1. voûte en berceau
État de conservation
  1. vestiges

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Saint-Georges-d'Oléron

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Boyardville

Cadastre: 1842 M5 1950, 2019 BK 8

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